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Le satellite contre la fracture numérique
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Fracture numérique : les solutions satellitaires au Sénat

25/02/2004 616 views 2 likes
ESA / Space in Member States / France

La réduction de la fracture numérique sera l’un des grands chantiers de la décennie et le satellite pourrait être l’un des outils permettant d’offrir à tous un accés équitable à l’information.

Les différents acteurs de ce dossier : élus, utilisateurs, industriels et institutions se sont ainsi retrouvés au Sénat le 22 janvier pour évoquer ce problème et en dessiner les solutions.

La société de l’information, née des nouvelles capacités technologiques de transfert de données, ouvre la voie à des applications qui révolutionnent de nombreux secteurs de notre vie, de l’éducation à la santé, en passant par l’administration en ligne et le commerce électronique. Mais pour en profiter, encore faut-il disposer des systèmes de communications à haut débit qui permettent d’y accéder.

En France et en Europe, plus de 65% des territoires ne sont pas encore couverts par des réseaux à haut débit. Lors des récents Etats généraux des élus de la région Rhône-Alpes, la deuxième région la plus riche de France, Christian Poncelet, président du Sénat, s’est ému de noter que 46% des collectivités n’étaient pas équipées pour faire face au développement des nouvelles technologies : « l’égalité d’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication n’est à l’évidence, encore qu’un leurre. » Un constat qui peut lui aussi être élargi aisément à l’échelle européenne.

Les limites du terrestre privé

A l’initiative de l’Agence spatiale européenne et de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques (OPECST), représentants des collectivités locales, du secteur spatial et de l’industrie des télécommunications se sont retrouvés au Palais du Luxembourg, à Paris, pour faire le point sur la situation et les solutions envisageables pour y remédier au cours d’un colloque intitulé « Collectivités territoriales et désenclavement numérique : la solution satellite. »

Plusieurs projets pilotes ont été présentés, que ce soit en France, comme le réseau Mégalis, ou dans le reste de l’Europe, comme en Irlande. Dans tous les cas, il apparaît qu’à plus de 140 euros du mètre, la fibre optique reste une solution bien trop onéreuse pour être appliquée aux régions rurales.

« Laissé aux seules forces du marché, le développement d’une société de l’information se traduirait par un accès à haut débit limité aux grandes agglomérations », note John McAleer, directeur de l’autorité régionale de l’Irlande du Sud-Ouest, qui a servi de région pilote depuis 1996. « Cela aboutirait à une centralisation et une concentration économique accrues et non à la décentralisation et à la dispersion géographiques des emplois. » C’est pourquoi le projet South West Broadband s’est tourné vers l’ESA et les solutions satellitaires pour fournir des accès à haut débit aux écoles, aux entreprises, aux réseaux sans-fil locaux, aux professions médicales, aux autorités locales et aux communautés insulaires.

L’apport du satellite

La ministre Claudie Haigneré et le sénateur Henri Revol
La ministre Claudie Haigneré et le sénateur Henri Revol

Le satellite, utilisé comme mode d’accès vers l’Internet, se combine idéalement avec d’autres technologies pour un accès local mutualisé qui peut être hertzien (boucle locale radio), cellulaire (Wi-Fi), téléphonique (DSL) ou via le réseau électrique (courants porteurs en ligne).

De plus, le satellite offre de manière simple et égalitaire un accès aux réseaux et aux services pour les régions mal desservies par les infrastructures terrestres, comme les zones rurales ou à faible densité de population, ce qui lui confère un rôle social et en fait un outil d’aménagement du territoire.

« Nous savons qu’à moyen terme, 20% du territoire français ne pourra pas être connecté par câble, fibre ou ADSL » note Claudie Haigneré, ministre française déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies. « Cette inégalité face au numérique est contraire à nos principes fondateurs. »

Des expériences menées dans certaines régions de France, comme le Cantal ou l’Ardèche, ont mis en lumière la situation vécue au quotidien dans ces zones relativement isolèes et peu peuplées. Pour celles-ci le satellite apparaît comme la solution la plus pratique sinon la moins coûteuse. Encore faut-il que la réglementation suive les évolutions technologiques pour faciliter la création de réseaux locaux autour d’un point d’accès mutualisé au satellite.

Cet enjeu de politique d’aménagement des territoires se double d’un enjeu de politique industrielle, a expliqué Yannick d’Escatha, président du CNES. En effet, selon lui, la réalisation d’un système satellitaire à haut débit en Europe favoriserait l’émergence d’un nouveau marché pour les constructeurs européens de satellites, avec une influence positive sur l’ensemble de la problématique spatiale européenne.

Une approche européenne

Jean-Jacques Dordain et l'ancien député européen Alain Pompidou
Jean-Jacques Dordain et l'ancien député européen Alain Pompidou

Pour le directeur général de l’ESA, Jean-Jacques Dordain, « l’Europe a décidé de bâtir une civilisation basée sur le savoir, or cela est impossible sans dissémination de l’information. Il s’agit d’un problème politique qui ne pourra pas être réglé par une solution purement commerciale. » Fort de ce constat, il propose la mise en place d’un projet fédérateur européen qui permettrait de consolider un standard technique pour l’ensemble du continent. Un tel projet, qui s’inscrit dans la lignée de la politique spatiale européenne définie par le Livre Blanc de la Commission Européenne, permettrait d’atteindre la masse critique pour enclencher le processus d’industrialisation des terminaux, dont le coût actuel reste un des freins à l’équipement des collectivités et surtout des particuliers.

Ce projet serait en outre susceptible de concrétiser l’intérêt des opérateurs et de donner confiance aux investisseurs.

« L’élargissement de l’Union Européenne donne à la question de l’apport du satellite une nouvelle dimension », a rappelé Jean-Jacques Dordain. « Avec l’entrée dans l’Europe de populations plus rurales, plus pauvres et plus dispersées, le satellite constitue un moyen puissant pour assurer au plus tôt une cohésion européenne. »

Le débat et les échanges sur ce thème sont loin d’être finis puisque les 5 et 6 avril, l’ESA et le Comité des Régions Européennes organiseront une conférence internationale sur le haut débit pour les régions européennes à Killarney, en Irlande.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Dominique Detain
ESA, Direction des Applications
Tél. : 33 (0) 1 53 69 77 26
Fax : 33 (0) 1 53 69 72 86
dominique.detain@esa.int

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