Coopération belgo-chinoise en recherche et technologie spatiales
Le Roi des Belges Albert II vient d'effectuer une visite d'Etat en Chine durant une semaine (du 4 au 11 juin). Il était accompagné par des chercheurs et industriels belges, notamment du domaine spatial.
Des possibilités pour renforcer la coopération ont été abordées au cours de cette visite. Des activités conjointes dans le domaine de la science et de la technologie spatiales font désormais partie du programme du rapprochement belgo-chinois.
"Made in Belgium" à la mode Shenzhou
Les sciences de la vie dans l'espace donnent lieu à un accord entre la Katholieke Universiteit Leuven (KUL), l'Université Mons-Hainaut et l'Institute of Space Medico-Engineering de Beijing. Ainsi le Laboratoire de Cardiologie Expérimentale (Professeur André Aubert) de la KUL se prépare à effectuer une recherche biomédicale sur les taïkonautes (cosmonautes chinois) dès leur prochain vol qui aura lieu, en octobre, avec le vaisseau Shenzhou-6 (5 jours en impesanteur).
Il s'agit de comprendre le phénomène orthostatique qui se manifeste au retour sur Terre : ceux qui ont séjourné dans l'espace ont du mal à rester debout longtemps sans qu'ils soient pris de vertige, voire qu'ils ne tombent en syncope! Ce phénomène est dû au fait que le système cardio-vasculaire a sa fonction perturbée lorsqu'il passe de l'état de microgravité à la pesanteur terrestre.
L'expérience Cardiocog/Cardioscience Rythme mise au point par les chercheurs belges a pour objet de mesurer simultanément l'activité électrique du coeur (grâce à un électrocardiogramme) ainsi que la pression artérielle (au moyen d'électrodes placées sur un gilet). Les données permettent de modéliser la façon dont fonctionne le système cardio-vasculaire dans l'espace, puis sur Terre.
Cet équipement qui a déjà servi au cours de missions de l'ESA à bord de l'International Space Station a accumulé d'intéressantes mesures sur la fonction cardiaque: Odissea avec l'astronaute belge Frank De Winne (novembre 2002), Cervantes avec l'astronaute espagnol Pedro Duque (octobre 2003) et Delta avec l'astronaute néerlandais André Kuipers (avril 2004). Les spécialistes de médecine spatiale chinoise ont décidé de recourir à un savoir-faire "made in Belgium" pour que les taïkonautes retrouvent l'environnement terrestre dans les meilleures conditions.
La TV interactive de masse
L'industrie belge d'électronique spatiale s'efforce de nouer des collaborations avec les fabricants et les opérateurs de systèmes spatiaux en Chine. Durant la visite du Roi Albert II, l'entreprise Newtec de Sint Niklaas spécialisée dans l'interactivité via l'orbite géostationnaire a signé avec Sinosat, exploitant chinois de systèmes spatiaux de télécommunications et de télévision, un accord de partenariat pour développer en Chine la technologie et les applications de la télévision numérique interactive (iTV) par satellite.
Newtec, créée il y a 20 ans par les ingénieurs Dirk Breynaert et Jean-Marie Maes, a constitué un groupe qui est leader dans les réseaux d'échange de programmes TV et radio numériques, ainsi d'accès à l'Internet à haut débit. C'est un exemple de réussite technologique grâce aux efforts de R & D dans le cadre des programmes ARTES de l'ESA.
En 2006, l'opérateur Sinosat prévoit de lancer le premier satellite chinois de télévision directe, dit DBS (Direct Broadcast Service). Il voit dans la solution iTV de Newtec une valeur ajoutée de grand intérêt pour les services de diffusion aux téléspectateurs. La plate-forme iTV proposée doit démontrer aux télédiffuseurs de Chine une gamme de nouveaux services interactifs, indépendamment de toute infrastructure terrestre, afin de résorber au plus vite la fracture numérique qui existe entre, les populations, d'une part, des régions industrialisées et urbanisées, et par ailleurs, des zones rurales et isolées.
Cette plate-forme interactive sera testée dès fin de l'année et validée au moyen d'un satellite Sinosat déjà en orbite. Newtec, par le biais de la filiale Newtec-Diamond Satellite Communications Co de Hong Kong, fabriquera en Chine les têtes des antennes paraboliques, ainsi que les composants à ajouter dans les récepteurs.
Par ailleurs, la société Alcatel ETCA de Charleroi participe à la nouvelle génération des satellites chinois (DFH-4) de télécommunications et de télévision. A la suite d'une compétition internationale, la CAST (Chinese Academy of Space Technology) a choisi le spécialiste européen du conditionnement d'énergie à bord des systèmes spatiaux pour réaliser le coeur électrique des deux premiers satellites.
La fourniture d'unités de puissance (Power Conditioning Unit de 9 kW) à l'entreprise chinoise BESTEC (Beijing Siangyu Space Tech Corporation) a donné lieu à un contrat de 3.7 millions d'euros pour 17 000 heures de travail. Le premier satellite DFH-4 doit être lancé cette année du centre de Xichang. Comme monnaie d'échange pour des matières premières, l'industrie spatiale chinoise propose aux pays en développement un système complet "clefs en main" avec livraison en orbite du satellite: le Nigéria a passé commandé et le Vénézuela est en train de négocier.