Historique des astronautes européens
En 1978, trois ans seulement après sa création, l’ESA conduit sa première sélection d’astronautes. A l’issue de ce recrutement, l’allemand Ulf Merbold, le hollandais Wubbo Ockels ainsi que le suisse Claude Nicollier sont retenus et deviennent ainsi les premiers astronautes ESA ; l’un des 53 candidats finalistes, le français Jean-Jacques Dordain, poursuivra sa carrière à l’ESA dont il deviendra Directeur Général en 2003.
De leur côté, les astronautes de l’agence spatiale française, le CNES (Centre national d’études spatiales), Jean-Loup Chretien ainsi que son double, Patrick Baudry, participent à deux missions soviétiques durant les années 1980.
En 1985 et 1990, le CNES poursuit ses propres campagnes de recrutement, en prévision des futurs vols avec les soviétiques, de la préparation des programmes de l’avion spatial Hermès et de la future station spatiale internationale, l’ISS. Ainsi sont sélectionnés six pilotes, Michel Tognini, actuel chef du Centre européen des astronautes, Léopold Eyharts, Jean-Pierre Haigneré, Jean-Marc Gasparini, Philippe Perrin, Benoît Sylve, ainsi qu’un ingénieur, Jean-François Clervoy, et quatre scientifiques, Claudie André-Deshayes, Jean-Jacques Favier, Frédéric Patat et Michel Viso.
Cependant, la mission Hermès est annulée en 1992.
La même année, l’Agence spatiale européenne lance à son tour une campagne de sélection, en prévision des programmes Hermès et Columbus. Sont sélectionnés six candidats européens : l’allemand Thomas Reiter, l’espagnol Pedro Duque, le suédois Christer Fuglesang, l’italien Maurizio Cheli et la belge Marianne Merchez, ainsi que le français Jean-François Clervoy, qui faisait déjà partie du corps français des astronautes du CNES. Jean-François Clervoy sera d’ailleurs le premier à voler, à bord de la navette américaine Atlantis pour la mission Atlas 3 du Spacelab en 1994.
Les vols nationaux français se succèdent dans les années 1990 : Michel Tognini, Jean-Pierre Haigneré, Claudie André-Deshays, Jean-Jacques Favier, Jean-François Clervoy, Jean-Loup Chretien et Léopold Eyharts participent tour à tour à diverses missions spatiales.
Vers un corps unique d’astronautes européens
En mars 1998, le Conseil de l’ESA décide de la création d’un corps commun d’astronautes européens pour faciliter l’organisation des missions et optimiser l’utilisation des ressources nécessaires. La France et l’Allemagne qui disposaient auparavant d’un corps national d’astronautes se rallient à cette fusion.
En 1998, Jean-Pierre Haigneré et Léopold Eyharts rejoignent donc Jean-François Clervoy et les autres astronautes européens au sein du Corps européen des astronautes. En 1999, c’est en tant qu’astronaute de l’ESA que Jean-Pierre Haigneré effectue un vol de 6 mois à bord de Mir lors de la mission Perseus. Il s’agit de la dernière mission longue durée effectuée à bord de Mir avant que celle-ci ne soit détruite. J.-P. Haigneré quittera le Corps des astronautes en novembre 1999 pour prendre la tête de la Division des astronautes au Centre européen des astronautes (ESA/EAC) à Cologne, en Allemagne.
Deux autres astronautes français rejoignent le Corps de l’ESA en novembre 1999 : Claudie André-Deshays et Michel Tognini. Ce dernier vient tout juste de participer à une mission de la navette américaine Columbia pour lancer l’observatoire Chandra. En décembre 1999, Jean-François Clervoy accompagne le suisse Claude Nicollier à bord de la navette Discovery, Claudie Haigneré (ex-André-Deshays) devient la première européenne à pénétrer à bord de la Station spatiale internationale (ISS), lors de la mission Andromède en 2001. Elle quitte l’EAC en juin 2002, après avoir été nommée Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies au sein du gouvernement français. Ce même mois, Philippe Perrin, du CNES, rejoint l’ISS à bord de la navette Endeavour et effectue trois sorties dans l’espace lors de la mission STS-111. Il rejoint l’EAC en décembre de la même année.
En mai 2003, Michel Tognini quitte à son tour le Corps européen des astronautes pour prendre la tête de la Division des astronautes où il remplace Jean-Pierre Haigneré qui a quitté cette fonction pour prendre la responsabilité du projet ESA «Soyouz à Kourou».
Les années qui suivent sont ponctuées de missions européennes, notamment Astrolab, mission de longue durée (six mois) qu’effectue l’astronaute allemand de l’ESA Thomas Reiter en 2006 et qui, entre autre, prépare la mission historique Columbus. Cette mission Columbus voit le laboratoire spatial européen transporté et arrimé à la Station spatiale internationale (ISS) à l’aide de la navette Atlantis. À son bord se trouvent deux astronautes de l’ESA : le français Léopold Eyharts et l’allemand Hans Schlegel. Léopold Eyharts a donc effectué une mission longue durée, de début Février 2008 à fin Mars 2008 à bord de l’ISS afin d’assurer la mise en service du laboratoire européen Columbus.
Le corps européen des astronautes aujourd’hui
Le Corps est actuellement constitué de huit membres provenant de six pays différents :
Hans Schlegel (Allemagne),
Jean-François Clervoy et Léopold Eyharts (France),
Paolo Nespoli et Roberto Vittori (Italie),
Frank De Winne (Belgique),
Andre Kuipers (Pays-Bas),
Christer Fuglesang (Suède).
Conduite par Gerhard Thiele, la Division des astronautes du Centre européen des astronautes (ESA/EAC), à Cologne, en Allemagne, est responsable de l’entraînement et du maintien des compétences de chacun des astronautes. Un des objectifs du Corps est de permettre aux astronautes de s’entraîner dans les meilleurs conditions possibles, afin, lors des missions spatiales, d’acquérir un maximum d’expérience. Ceci permet d’accroître l’expertise de l’ESA en matière de vols habités, mais également d’augmenter les chances des astronautes de l’ESA de se voir confier des missions.
Lorsqu’ils ne participent pas à un entraînement ou n’apportent pas leur soutien à une mission, ils sont tenus par leurs « devoirs collatéraux » qui les amènent à participer à l’élaboration des programmes de l’ESA. C’est le cas, par exemple, de Jean-François Clervoy pour le programme ATV (Automated Transfer Vehicle).
Par ailleurs, les membres du Corps européen des astronautes sont les ambassadeurs de l’espace et des vols habités. Les astronautes participent à de nombreuses activités de relations publiques, tels des colloques et conférences scientifiques, partagent leur expérience unique avec le public, et, par conséquent, influencent de manière positive la perception que le public a de la science en général et des vols habités en particulier.