Choisir les bonnes personnes pour aller sur Mars
Lorsque les humains partiront enfin à destination de notre proche voisine, le voyage n’en restera pas moins long et difficile. Les résultats de l’étude Mars 500, à laquelle a participé le Français Romain Charles, montrent que le régime alimentaire et le repos seront des ingrédients essentiels au succès de la mission. Ces découvertes bénéficieront à l’ensemble des Terriens, quelle que soit la longueur de leurs voyages.
L’étude Mars 500 a consisté à enfermer pendant 520 jours six « marsonautes » à bord d’un ensemble de caissons simulant un vaisseau spatial dans la banlieue de Moscou. Cette durée de 520 jours correspondait à la durée d’un vol aller-retour vers Mars entrecoupé de 30 jours d’exploration martienne.
Durant cette simulation de mission, l’équipage a vécu en autonomie et sans produits frais, sans lumière du jour ni air pur.
Les participants venus de France, d’Italie, de Chine et de Russie n’avaient aucune référence par rapport au soleil pour savoir quand aller se coucher. Ils ne pouvaient se fier qu’à leurs montres ou à leurs coéquipiers pour savoir quand se lever.
Le Marsonaute Diego Urbina se rappelle que, « bien que ce décalage dans les temps de sommeil pose un problème, le corps humain peut étonnamment s’adapter à une absence totale de lumière du jour. »
Les scientifiques de l’ESA s’intéressent de nombreuses façons aux moyens d’obtenir un sommeil réparateur. Ainsi l’astronaute de l’ESA Luca Parmitano mesurera précisément son taux d’hormones liées au sommeil durant son séjour de six mois dans l’ISS cette année.
Plus près de nous, mais dans des conditions d’isolement comparables, les occupants de la base Concordia voient leur sommeil étudié de près pendant les quatre mois sans soleil que dure l’hiver antarctique.
Pour les responsables de mission, il est primordial de comprendre comment les astronautes peuvent se reposer au mieux afin qu’ils soient fin prêts lors des phases critiques de la mission. Lors d’un atterrissage sur Mars, il vaudra mieux que les astronautes soient au meilleur de leur forme. Alors, à quel moment de la journée faudra-t-il planifier cette étape décisive ?
D’autres résultats étonnants de cette simulation de mission montrent que notre corps n’absorbe pas le sel de manière constante. Le régime alimentaire des marsonautes étant soigneusement contrôlé, les chercheurs pouvaient mesurer la quantité de sel qu’ils ingéraient et excrétaient quotidiennement.
Il semble que nos reins traitent le sel selon un cycle hebdomadaire, travaillant plus pour l’éliminer certains jours que d’autres. La raison pour laquelle notre corps procède ainsi reste inconnue, mais cette découverte pourrait aider à la mise au point de régimes personnalisés de plus grande précision.
« Ces résultats montrent pourquoi nous avons pris part à l’étude Mars 500 » se réjouit Jennifer Ngo-Anh, responsable de l’étude à l’ESA.
« Nous attendons encore plus de résultats intéressants à présent que les chercheurs ont eu une année complète pour analyser les données. »
Ces découvertes ne bénéficieront pas seulement aux astronautes, mais à toute personne qui doit travailler en décalé, ou a des problèmes de sommeil ou d’hypertension.