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Les grands noms

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ESA / Space in Member States / France

Avant le début de l'ère spatiale, de nombreux Français, venus de tous horizons, ont apporté leur contribution au développement de l'astronautique, que ce soit en tant que visionnaires, que pionniers ou que vulgarisateurs. En voici quelques-uns, plus ou moins célèbres, qui ont marqué l'histoire du spatial en France :

Hercule Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655)

Poète et fils d'avocat, il fait ses études dans un collège de Jésuites avant de servir deux ans comme soldat dans la Garde du roi.

En 1649, il achève un ouvrage en deux parties qui ne sera publié qu'après sa mort, en 1656 pour 'Histoire comique des Etats et Empires de la Lune', et en 1662 pour 'Histoire comique des Etats et Empires du Soleil'. Il y décrit huit techniques pour voler jusqu'à la Lune et quatre pour atteindre le Soleil. Parmi celles-ci figure un procédé utilisant des fusées à poudre allumées successivement.

Le nom de Cyrano de Bergerac a été donné à un cratère de 80 km de diamètre sur la face cachée de la Lune.

Jules Verne (1828-1905)

Ecrivain prolifique, créateur du roman d'anticipation scientifique, il aborde le thème du vol spatial dans plusieurs romans.

En 1865 et 1870, il publie 'De la Terre à la Lune' puis 'Autour de la Lune', dans lesquels une expédition propulsée vers la Lune par un immense canon situé en Floride effectue un survol de la face cachée de notre satellite avant de revenir amerrir dans l'océan Pacifique. En dépit de nombreuses erreurs techniques, ces deux romans fourmillent d'informations scientifiques reflétant précisément les connaissances de l'époque. Pour la première fois, l'état d'impesanteur est décrit en détail.

En 1877, le roman 'Hector Servadac' raconte l'épopée à travers le Système Solaire des passagers d'un fragment de la côte méditerranéenne 'arraché' à la Terre par le passage d'une comète.

Enfin, en 1879, 'les Cinq Cents Millions de la Bégum' présente pour la première fois l'utilisation de fusées tirées par un canon.

Les ouvrages de Jules Verne, dont la diffusion a été planétaire, ont joué un rôle considérable dans le développement des technologies spatiales en inspirant les futurs précurseurs de l'astronautique en France, mais aussi dans le reste du monde.

Le nom de Jules Verne a été donné à un cratère de 112 km de diamètre sur la face cachée de la Lune, ainsi qu'au premier modèle de vol du véhicule de transport automatique ATV de l'Agence Spatiale Européenne pur la desserte de la Station Spatiale Internationale.

Robert Esnault-Pelterie (1881-1957)

Ingénieur et aviateur, il est le grand précurseur de l'astronautique en France.

Ce brillant ingénieur se distingue aux débuts de l'aviation par la conception de monoplans robustes et fiables. Parmi le grand nombre d'innovations dont il est l'auteur, citons le 'manche à balai' et le moteur en étoile.

En 1907, il commence à s'intéresser à la propulsion par réaction et aux possibilités offertes par les fusées pour les voyages interplanétaires, dont il se fait l'ardent promoteur. En 1912, à Saint-Pétersbourg puis à Paris, devant la Société française de physique, il prononce une conférence restée célèbre intitulée 'Considérations sur les résultats d'un allègement indéfini des moteurs' qui fait référence à la perte de masse par les fusées à mesure qu'elles brûlent leurs ergols.

Après la première guerre mondiale, il fonde, avec son ami le banquier André-Louis Hirsch, le prix REP-Hirsch, doté de 5000 F pour récompenser chaque année l'auteur du travail le plus remarquable dans le domaine de l'astronautique. Le premier lauréat, en 1925, est le précurseur allemand Hermann Oberth.

En 1927, il prononce une autre conférence restée célèbre devant la Société astronomique de France : 'l'Exploration par fusées de la très haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires'.

En 1930, il publie 'l'Astronautique', un ouvrage majeur qui, après l'ajout d'un supplément en 1934, couvre pratiquement l'ensemble des connaissances de l'époque sur le vol spatial. Il y décrit en particulier le concept de la navigation inertielle et présente le calcul des trajectoires des futurs engins ainsi que les conditions d'un voyage autour de la Lune.

Elu membre de l'Académie des sciences en 1936, il effectue jusqu'à la seconde guerre mondiale des essais de moteurs fusées à ergols liquides.

Le nom d'Esnault-Pelterie a été donné à un cratère de 79 km de diamètre sur la face cachée de la Lune.

Louis Damblanc (1889-1969)

Ingénieur aéronautique et grand spécialiste de la propulsion solide dans les années 1930. De 1935 à 1939 il effectue 360 tirs de fusées de son invention depuis le polygone de Bourges de l'Ecole Centrale de Pyrotechnie. Entre 1936 et 1938, il fait breveter ses concepts de fusées multi-étages à séparation automatique en fin de combustion, dont l'antériorité sera reconnue plus tard par le gouvernement américain.

Ses développements concernaient des fusées d'assistance au décollage, des fusées postales ou des fusées de ravitaillement, récupérées sous parachute. Il fait voler la plus grande fusée jamais réalisée en France avant la seconde guerre mondiale, une fusée triétage d'un diamètre de 133 mm.

Il réalise aussi un banc d'essais, révolutionnaire pour l'époque, capable d'enregistrer de façon permanente et automatisée un grand nombre de variables, faisant ainsi progresser fortement les moyens d'essais des fusées au sol.

Pierre Auger (1899-1993)

Physicien spécialiste des rayons cosmiques, il est connu pour sa découverte, en 1938, de l'effet Auger (émission d'électrons par des atomes excités).

Membre des Forces Françaises Libres en 1941, il participe à la création du groupe de recherche franco-britannico-canadien sur l'énergie atomique. En 1945, il participe à la création du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) avec Frédéric Joliot-Curie, avant d'organiser le Département des Sciences de l'Unesco dont il assume la direction de 1948 à 1959. Ce poste lui permet de promouvoir la création du Centre Européen de Recherche Nucléaire (CERN) en 1953.

Chargé d'organiser la recherche spatiale en France, il devient le premier président du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) en 1962.

En 1962 il est l'un des fondateurs de la Commission Européenne pour la Recherche Spatiale (ESRO), première ébauche de l'Agence Spatiale Européenne. Il en sera directeur général jusqu'en 1967.

Jean-Jacques Barré (1901-1978)

Ingénieur militaire spécialiste des fusées, il collabore avec Robert Esnault-Pelterie dès 1930 et rejoint son équipe en 1931-1932 pour travailler au développement de moteurs-fusée à ergols liquide. De 1935 à 1940, il travaille au développement d'obus-fusées pour l'armée.

Durant l'occupation, il dirige une équipe qui met clandestinement au point la première fusée à ergols liquide française, la EA-41. Après des essais statiques sur le plateau du Larzac en novembre 1941, la EA-41 sera lancée du terrain de la Renardière, près de Toulon, le 15 mars 1945.

Parmi les recherches effectuées par Jean-Jacques Barré durant l'occupation figurent également des études théoriques sur la propulsion nucléothermique et la propulsion ionique.

Après guerre, il participe au développement de l'engin Eole, dérivé de l'EA-41, mais brûlant de l'oxygène liquide et de l'alcool éthylique, au lieu du couple oxygène liquide/essence. Ces travaux, interrompus en 1952 après plusieurs échecs, sont repris au début des années 1960 et mèneront au développement de la propulsion cryotechnique en France.

Alexandre Ananoff (1910-1992)

Ecrivain et conférencier d'origine russe, né à Tbilissi, en Géorgie, il contribua largement à faire connaître l'astronautique naissante.

Enthousiasmé par la lecture des écrits du précurseur russe Konstantin Tsiolkovski, il consacre plus de trente ans de sa vie à la promotion des activités spatiales auprès de la communauté scientifique et du grand public.

En 1950, il organise à Paris le 1er congrès international d'astronautique, une manifestation qui se poursuit depuis à un rythme annuel avec un succès non-démenti. Cette même année, il publie 'l'Astronautique', un ouvrage longtemps considéré comme une référence en la matière.

Vers la fin des années 1950, il se retire des activités liées au spatial pour se tourner vers l'histoire de l'art.