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Les satellites au service des marins du Vendée Globe

05/12/2020 5634 views 16 likes
ESA / Space in Member States / France

Les satellites d'observation de la Terre - optiques, radar ou altimétriques - contribuent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à assurer la sécurité de la navigation, que ce soit pour la marine de commerce, la pêche maritime, ou les voiliers qui font le tour du monde dans le cadre d’une course comme le Vendée Globe.

Ces satellites d'observation de la Terre, et notamment ceux du programme européen Copernicus, ne sont néanmoins pas les seuls satellites utiles aux marins, comme en témoigne l’histoire du skippeur Kévin Escoffier, qui, après un naufrage brutal, a pu être retrouvé et récupéré sain et sauf en quelques heures. Sans les satellites de communication et de géolocalisation, dont notamment la constellation européenne Galileo, et le programme COSPAS-SARSAT, ce naufrage aurait sans aucun doute eu des conséquences dramatiques.

Les sentinelles du programme Copernicus au service du Vendée Globe

Copernicus Sentinel-1 (vue d'artiste)
Copernicus Sentinel-1 (vue d'artiste)

L’ESA et la Commission européenne ont donné au Vendée Globe un accès privilégié aux satellites Sentinel-1A et Sentinel-1B du programme Copernicus; ces satellites radar sont capables de voir de jour comme de nuit et au travers des nuages. Les images obtenues dans le mode d’observation radar utilisé, qui présente une couverture étendue, ont une taille de 400km par 400km et une résolution de 50m.

Ces satellites ont été programmés quelques jours en amont de la course et permettent une vue d’ensemble totale autour de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) qui peut ensuite être affinée.

CLS, filiale du CNES basée près de Toulouse, fournisseur officiel des données glace du Vendée Globe depuis 2008, expert en détection des icebergs et en course au large depuis près de 30 ans, a orchestré en étroite collaboration avec la direction de course, le CNES et l’ESA l’ensemble du dispositif de limitation du risque iceberg. CLS a utilisé en premier lieu les données des satellites altimétriques dont celles de Sentinel-3 (quatre satellites altimétriques sont utilisés dans le cadre de la course) afin de pré-détecter les zones à risque. Une fois cette pré-détection effectuée, CLS a travaillé de concert avec l’ESA pour programmer Sentinel-1. Pour compléter cette vision stratégique, CLS utilise également le satellite canadien privé Radarsat-2 qui, sur commande, peut être utilisé pour obtenir une résolution de 25 mètres dans des zones précises.

Simonetta Cheli
Simonetta Cheli

Simonetta Cheli, Chef du bureau stratégie, programme et coordination de la Direction Observation de la Terre à l’ESA : « Les sentinelles sont une flotte de satellites d’observation de la Terre développée par l’Agence spatiale européenne dans le cadre du programme européen Copernicus et dont le premier exemplaire a été placé en orbite en 2014. »

« L’objectif de ce programme est de fournir aux pays européens et au monde entier des données complètes et actualisées leur permettant d’assurer le contrôle et la surveillance de l’environnement. Nous sommes ravis qu’ils soient aujourd’hui utiles à l’amélioration de la sécurité des skippeurs du Vendée Globe. » 

Plus d’informations dans l’article « Les satellites Copernicus gardent l’œil sur les icebergs pendant le Vendée Globe ».

La conférence "Le spatial, vigie des glaces du Vendée Globe" du 3 décembre est à voir ou revoir ci-dessous.

Un sauvetage éclairé depuis l’espace

Le skippeur Kévin Escoffier
Le skippeur Kévin Escoffier

Le 1er décembre 2020, au 23e jour de course de l’édition 2020 du Vendée Globe, le navigateur Kévin Escoffier voit son IMOCA se briser en deux à plusieurs centaines de milles du Cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud). Seul, au milieu de l’océan glacial, affrontant les 40èmes rugissants, le skipper déclenche sa balise satellite de détresse COSPAS-SARSAT, un programme international de sauvetage dont fait partie la constellation satellitaire européenne Galileo. C’est le point de départ d’une chaine des secours à laquelle il doit la vie.  

Entre le moment de l’impact avec un OFNI (objet flottant non identifié) et celui où il embarque dans son radeau de survie, il ne se passe que quatre minutes. Le skippeur chevronné a juste le temps d’enfiler sa combinaison de survie, à la fois protection contre l’hypothermie et aide à la flottaison, et de déclencher l’une de ses balises de détresse. Deux réflexes stratégiques, l’un pour assurer sa survie à court terme, et l’autre pour lancer la chaîne des secours.

Première image de Kévin Escoffier (en arrière-plan) à bord de YES WE CAM !, l'IMOCA de Jean Le Cam
Première image de Kévin Escoffier (en arrière-plan) à bord de YES WE CAM !, l'IMOCA de Jean Le Cam

Les signaux de détresse émis par la balise française du navigateur ont été transmis par le centre de contrôle français de la mission COSPAS-SARSAT (FMCC) au CROSS Gris-Nez, centre de coordination et de sauvetage qui assure le rôle de point de contact maritime international, en charge du suivi du Vendée Globe. La balise émet le signal de détresse à 14h48 CET, et celui-ci est localisé trois minutes plus tard par l’opérateur CLS en poste au FMCC après avoir été capté par un trio de satellites Galileo. Les satellites de géolocalisation européens, en orbite à 23 222 km d'altitude, embarquent en effet une charge utile de recherche et de sauvetage.

La direction de course du Vendée Globe détourne alors les navigateurs en course les plus proches afin de quadriller la zone. Un premier contact rassurant est établi vers 17h, mais les conditions de mer ne permettent pas d'effectuer le sauvetage. Perdu de vue, le radeau de survie sera à nouveau localisé, et Kévin Escoffier sera finalement récupéré par Jean Le Cam onze heures après son naufrage.

Le programme COSPAS-SARSAT pour la recherche et le sauvetage

Chaîne des secours
Chaîne des secours

Créé pendant la guerre froide par la France, le Canada, les États-Unis et l’URSS, le programme COSPAS-SARSAT développe et opère un système de détection, de localisation et de transmission par satellite d’alertes de détresse pour la recherche et le sauvetage (Search and Rescue, SAR). 

COSPAS-SARSAT fournit à la communauté internationale des données de localisation précises et fiables afin d’assister les opérations de recherches et de sauvetage ; il utilise pour cela des instruments spatiaux et des installations au sol pour détecter et localiser les signaux des balises de détresse. 

Depuis 1982, le système COSPAS-SARSAT a permis de sauver plus de 50 000 personnes dans plus de 15 000 situations de détresse. En 2019, 2 774 personnes ont été sauvées dans le monde grâce aux systèmes COSPAS-SARSAT au cours de 1 032 opérations de Recherche et de Secours.   

Cet évènement permet de souligner l’apport remarquable du nouveau système MEOSAR de COSPAS-SARSAT. Le MEOSAR utilise les satellites en orbite moyenne des constellations Galileo (Europe), GPS (US) et Glonass (Russie). Le service SAR Galileo porté par la Commission européenne y contribue très significativement.