Proxima propulse le spatial européen sur grand écran
Le tout dernier film de la réalisatrice française Alice Winocour, Proxima, traite de l’entrainement des astronautes en vue d’une mission longue durée à bord de la Station spatiale internationale, et les membres du casting et de l’équipe ont eu accès à de véritables centres d’entrainement pendant le tournage du film.
L’actrice française Eva Green, plusieurs fois récompensée, joue le rôle de Sarah, une astrophysicienne sélectionnée pour un vol d’une durée d’un an dans le cadre de la préparation d’une future mission vers Mars. Mère célibataire, elle peine à concilier le fait de passer du temps avec sa fille et le programme d’entrainement intense pour son voyage dans l’espace.
Simultanément, étant la seule femme au sein de l’équipage aux nationalités variées, dont un astronaute américain joué par Matt Dillon et un cosmonaute russe joué par Alexei Fateev, elle travaille deux fois plus afin de prouver sa valeur. L’acteur allemand Lars Eidinger endosse le rôle de l’ex-partenaire de Sarah, qui ne la soutient qu’en partie.
Proxima est le troisième long métrage de Winocour, après le drame gothique Augustine et le thriller psychologique Disorder (2015). Son dernier film porte un regard plus intime sur la réalité du voyage spatial aujourd’hui, une perspective différente de celle apportée par d’autres films récents sur le thème du spatial.
Le désir de Winocour de faire un film sur le thème de l’exploration spatiale lui vient d’une vie entière passée à s’intéresser au sujet : « Je suis fascinée depuis que je suis enfant par l’espace et l’exploration spatiale. J’ai beaucoup lu sur le sujet au fil des années. Je pensais que l’espace était réservé aux films de science-fiction, mais c’est maintenant notre réalité, » explique-t-elle.
Ses recherches à l’ESA ont structuré l’histoire du film mais aussi les décors, les costumes, les scripts et les détails de la production. Winocour a écrit le scénario et filmé dans des décors réels centrés autour du Centre européen des astronautes de l’ESA situé à Cologne (Allemagne), la Cité des étoiles de Moscou (Russie) et le Cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan).
« En rencontrant les entraîneurs et en visitant les installations, j’ai été frappée par la quantité de travail requise pour préparer un astronaute à quitter la Terre ; ces années d’entrainement ont rarement été montrées sur grand écran, » déclare Winocour.
L’équipe du film, une soixantaine de personnes, a commencé le tournage d’une durée de neuf semaines en janvier 2018. Ils ont filmé à l’EAC en février, dans le laboratoire de flottabilité nulle, le hall d’entrainement, les simulateurs et la reproduction du laboratoire Colombus destinée à l’entrainement.
En plus d’avoir été filmé sur place à l’ESA, plusieurs membres du personnel de l’ESA et de ses sous-traitants ont conseillé Winocour, ses scénaristes et les acteurs sur tous les aspects de l’entrainement des astronautes et tout particulièrement les scènes d’entrainement sous l’eau. L’actrice principale, Eva Green, a passé plusieurs jours à l’EAC et rencontré les astronautes de l’ESA Samantha Cristoforetti et Thomas Pesquet.
« Je voulais être aussi proche que possible de la réalité, » explique Winocour. « J’ai rencontré des astronautes, des entraîneurs, et écrit des scènes avec des scientifiques à Cologne. D’une certaine manière, le film a un aspect documentaire. »
En plus de la fascination de Winocour pour l’espace, l’histoire est née de son envie de créer un personnage féminin fort aux prises avec les défis posés par le fait d’être mère. « C’est un film sur l’exploration spatiale, mais également un film sur les femmes, » explique Winocour.
« Le cinéma ne montre pas souvent les femmes à la fois comme des mères et des super-héroïnes. Il est temps que les femmes assument qu’il est possible à la fois d’être astronaute et mère. »
Les moments vécus par Winocour à l’EAC ont également fait ressortir une idée qu’elle avait depuis longtemps en tête, faire un film sur la relation mère-fille. « Au fil du temps passé sur place, il m’est apparu que la relation mère-fille est comparable à la relation qu’entretient l’humanité avec la Terre, et que la séparation de la Terre vécue par l’astronaute résonnait comme la séparation de Sarah et de sa fille, » explique Winocour.
Le film reste également fidèle à la nature internationale de l’exploration spatiale, avec un casting international et des dialogues en plusieurs langues. « Le monde de l’exploration spatiale est ainsi. C’est une communauté d’humains au sein de laquelle les Européens, les Américains, les Russes et d’autres vivent et travaillent ensemble dans l’espace, » explique Winocour.
« Au cinéma, l’exploration spatiale est souvent représentée à travers le prisme de l’Agence nationale américaine, la NASA, et les astronautes sont montrés comme des êtres surhumains. Ce qui m’a frappé après avoir observé le processus de préparation, c’est qu’il n’y a rien de plus fragile et de plus humain que les astronautes lorsqu’ils sont confrontés à l’espace. »
Proxima a été montré en avant-première notamment à la Cité de l’espace de Toulouse (France) le mardi 5 novembre 2019. Sa sortie en salles est prévue le 27 novembre en France, en Belgique et en Suisse, le 13 décembre en Espagne et le 17 avril au Royaume-Uni.
Retrouvez à ce lien une interview de l'astronaute de l'ESA Claudie Haigneré réalisée lors de l'avant première à la Cité de l'espace.