Rosetta fond sur la comète pour une rencontre rapprochée
La sonde Rosetta de l’ESA se prépare à une rencontre rapprochée avec sa comète le 14 février, pendant laquelle elle passera à juste 6km de la surface.
La journée du mardi 3 février était la dernière pendant laquelle Rosetta se trouvait à 26km de la comète 67P/Churyumov–Gerasimenko, et marquait la fin de la période d’orbite actuelle et le début d’une nouvelle phase pour le reste de cette année.
Rosetta a pris hier une nouvelle direction afin de préparer la rencontre rapprochée de la semaine prochaine. Elle va d’abord s’éloigner jusqu’à une distance d’environ 140km de la comète, qu’elle atteindra le 7 février, avant de fondre sur la comète pour la rencontre rapprochée qui aura lieu à 13h41 heure de Paris le 14 février. Le passage au plus près se fera au niveau du plus grand lobe de la comète, au-dessus de la région Imhotep.
« Le survol à venir va permettre des observations scientifiques uniques : il nous procurera des mesures à haute résolution de la surface à différentes longueurs d’ondes, et nous donnera l’opportunité d’échantillonner – de goûter ou de sentir – l’atmosphère au plus près de la comète, » explique Matt Taylor, scientifique de la mission Rosetta pour l’ESA.
Le survol va emmener Rosetta au-dessus des régions les plus actives de la comète, et aidera les scientifiques à comprendre le lien entre la source de l’activité observée et l’atmosphère, ou coma (la chevelure de la comète).
Ils seront en particulier à la recherche de zones où les gaz et les poussières s’éloignent rapidement de la surface, et observeront comment ces composants évoluent à de plus grandes distances de la comète.
Nous savons déjà que la surface de la comète est très sombre, et ne reflète que 6% de la lumière qu’elle reçoit. Pendant le survol à basse altitude, Rosetta passera au-dessus de la comète avec le Soleil directement derrière elle, ce qui permettra de prendre des images sans ombre. Les scientifiques espèrent se faire une idée plus détaillée sur les grains de poussière de la surface en étudiant la réflectivité du noyau, qui varie suivant l’angle avec lequel il est éclairé par la lumière du Soleil.
« Une nouvelle phase débutera après ce survol rapproché, pendant laquelle Rosetta exécutera une série de survols de la comète à différentes distances comprises entre environ 15 et 100km, » explique Sylvain Lodiot, responsable de la conduite des opérations de Rosetta à l'ESA.
Il a toujours été prévu à ce moment de la mission de passer d’une « orbite liée » à des trajectoires de survol sur la base des prédictions de l’accroissement d’activité de la comète. La fourchette de distances de survol tient également compte des besoins différents des 11 instruments de Rosetta afin d’optimiser le retour scientifique de la mission.
Pendant certains de ces survols rapprochés, Rosetta sera presque « synchronisée » avec la rotation de la comète, ce qui permettre aux instruments de surveiller un point unique sur la surface pendant la durée du survol.
Les survols à plus grande distance permettront d’obtenir une mise en contexte plus large grâce à une vue grand-angle du noyau et du coma qui s’agrandit.
« Nous sommes maintenant dans la principale phase scientifique de la mission, et nous continuerons tout au long de l’année à effectuer une cartographie haute-résolution de la comète, » déclare Matt.
« Nous allons échantillonner le gaz, la poussière et le plasma à différentes distances alors que l’activité de la comète s’accroît puis diminue plus tard dans l’année. »
Le périhélie, le passage au plus près du Soleil, se produira le 13 août alors que Rosetta et la comète seront à 186 millions de kilomètres du Soleil, entre les orbites de la Terre et de Mars.
Alors que l’activité atteindra progressivement un pic dans le mois qui précède le passage en périhélie, l’équipe prévoit d’étudier avec un niveau de détail jamais atteint l’un des jets de la comète.
« Nous espérons cibler l’une de ces régions et voler à travers afin de goûter véritablement à un dégazage de la comète, » ajoute Matt.
Après le passage en périhélie, une fois que l’activité commencera à décroître, l’équipe de mission déterminera s’il faut revenir à une orbité liée autour de la comète, quand, et évaluera pendant combien de temps Rosetta pourrait être en mesure de fonctionner au-delà de la fin de l’année 2015.