ASIRAS
Au printemps 2005, l’Agence spatiale européenne lancera le satellite CryoSat destiné à la mesure de l’épaisseur des glaces qui recouvrent la planète. Cette mesure doit être d'une grande précision afin de mesurer les effets réels du réchauffement climatique dans cette partie du monde.
Avant de lancer le satellite il a fallu simuler les mesures pour calibrer le radar de bord. L’entreprise suisse RST-AG basée à Saint-Gall a construit l’instrument ASIRAS (Airborne Synthetic Aperture and Interferometric Radar Altimeter System), une réplique du radar SIRAL (SAR Interferometric Radar Altimeter) qui sera embarqué sur CryoSat.
La publication par le WWF d’un rapport basé sur les recherches de 250 scientifiques mandatés par les huit pays qui entourent l’océan arctique rend le lancement de CryoSat encore plus utile. Ce rapport, dévoilé le 9 novembre, montre qu’entre 1979 et aujourd’hui, la banquise de l’arctique a perdu 30% de son épaisseur et de sa superficie, il estime également que si le réchauffement du climat continue à ce rythme la banquise aura complètement disparu pendant l’été à partir des années 2060.
Si la fonte de l’arctique semble avérée, elle est nettement moins évidente dans l’antarctique. La question qui se pose donc est de savoir si la masse totale des glaces diminue ou s'il y a un changement de sa répartition entre le nord et le sud. Pour tenter de répondre à cette question, l'Agence spatiale européenne va lancer le printemps prochain le satellite CryoSat muni du radar SIRAL.
L’état de la banquise, et des glaces en général, étant appelé à changer en fonction de la saison et des conditions météorologiques, le radar doit subir divers tests de simulation avant d’être lancé.
La glace peut-être parfaitement lisse, ondulée, craquelée, recouverte de neige, toutes des conditions qui peuvent influencer les mesures d’épaisseur de la banquise. Pour être sur d’interpréter correctement les mesures, un clone du radar a dû être fabriqué. Construit par RST-AG de Saint-Gall et embarqué à bord d’un avion, il a permis de calibrer précisément le radar spatial.
A la recherche de grands changements climatiques
"Nous sommes très satisfaits des résultats obtenus lors des deux campagnes de mesures menées cette année au Groenland et au Canada. Nous avons obtenu une précision sur la mesure de l’épaisseur de la glace comprise entre 1 et 5 cm, cela dépend de la qualité de surface de la glace. C’est le fruit du travail d’une dizaine de personne pendant plus de 2 ans." explique Harald Lentz le responsable du projet ASIRAS chez RST-AG qui envisage le futur plutôt en rose.
"Nos résultats correspondent aux attentes de l’Agence spatiale européenne, et plusieurs centres de recherche sont intéressés par notre système. Un institut danois étudie déjà la possibilité d’installer ASIRAS sur des avions volant à 400 mètres au-dessus de la banquise." Ajoute encore l’ingénieur.
Beaucoup de climatologues attendent avec impatience le lancement de CryoSat ainsi que ses premiers résultats. En effet l’arctique est menacé, les glaciers sont menacés, la situation de l’antarctique est encore mal connue, la vie de millions de gens dépend de l’équilibre des pôles, que ça soit sur place pour les indigènes, ou à des milliers de kilomètres si la glace venait à fondre. CryoSat n’apportera pas la solution, mais sans CryoSat il n’y aura pas de solution.