COVID-19 : Aeolus et les prévisions météorologiques
Nous sommes tous conscients que le COVID-19 est une sérieuse menace pour la santé, qu’il met une forte pression sur nos services de santé et qu’il pourrait mettre en difficulté l’économie mondiale pour les années à venir. Les mesures de confinement appliquées au niveau mondial dans le cadre de cette pandémie perturbent la vie quotidienne de différentes manières, certaines moins évidentes que d'autres. La diminution des vols commerciaux, par exemple, a entraîné une baisse des mesures utilisées pour les prévisions météorologiques, mais heureusement, la mission Aeolus de l’ESA aide à combler ce vide.
La mission Aeolus de l’ESA a été conçue pour démontrer comment de nouvelles technologies peuvent, depuis l’espace, produire le profil des vents à l’échelle du globe, aidant à comprendre comment les vents, les pressions, les températures et l’humidité sont liés, et contribuant ainsi à la recherche sur le climat et aux prévisions météorologiques.
La baisse sans précédent du trafic aérien fait que l’industrie du voyage est l’une des plus durement touchées par la pandémie. En temps normal, les avions fournissent grâce à leurs capteurs des mesures de température, de vitesse et de direction du vent dans les treize premiers kilomètres de l’atmosphère. Sans ces mesures, les prévisions météorologiques que nous tenons pour acquises aujourd’hui seraient beaucoup moins précises.
Le temps est le produit de processus chaotiques, et même de très petits changements dans l’atmosphère peuvent entraîner à long terme un changement radical des conditions météorologiques. C’est pour cette raison qu’il est important d’avoir la meilleure compréhension possible de l’état actuel de l’atmosphère avant de commencer à calculer quel sera le temps dans les jours et les semaines à venir.
Aeolus émet de brèves impulsions lumineuses intenses dans l’ultraviolet au moyen d’un laser et mesure le décalage Doppler de la toute petite part de lumière rétrodiffusée par les molécules et les particules. Ce principe permet d’établir des profils verticaux qui indiquent la vitesse horizontale du vent dans les trente premiers kilomètres de l’atmosphère.
Aeolus a fait ses preuves en tant que démonstrateur technologique, il s’est avéré précieux pour la science, il a dépassé les attentes… Et les météorologistes utilisent maintenant ses données pour améliorer les prévisions météo.
Lars Isaksen, du Centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF), explique : « ECMWF a commencé en janvier 2020 à utiliser les informations fournies sur les vents par le satellite Aeolus, et nous pouvons maintenant utiliser ces données pour combler en partie le vide laissé par la diminution des mesures effectuées par les avions. Nous lâchons également davantage de radiosondes pour aider à maintenir la fiabilité des prévisions météorologiques pendant la crise. »
Jonas von Bismarck, de l’ESA, ajoute : « La technologie embarquée d’Aeolus est exceptionnelle et elle a fait ses preuves. Nous étions tous ravis qu’ECMWF commence à utiliser les données dans le cadre des prévisions météorologiques, mais jamais nous n’aurions imaginé la situation engendrée par le COVID-19. Nous voyons maintenant le rôle important que joue la mission Aeolus pendant cette horrible crise. »
Le travail d’ECMWF à ce sujet s’appuie sur les contributions de plusieurs centres d’expertise du groupe Aeolus DISC (Data Innovation and Science Cluster) financé par l’ESA. Le centre aérospatial allemand (DLR), Météo-France, ECMWF, et l’Institut royal néerlandais de météorologie (KNMI) font partie de ce groupe.