Colibri a expérimenté la micro-gravité
Les quatre étudiants de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne qui avaient conçu Colibri, un petit robot capable de se mouvoir indépendamment dans l’espace, ont pu tester les capacités de leur engin dans des conditions proches de celles de l’espace. Ils avaient en effet été sélectionnés par l’ESA pour participer à la 8ème campagne de vols en micro-gravité organisée pour les étudiants européens, campagne qui s’est terminée fin juillet.
«C’est incroyable comme le corps s’habitue rapidement à des conditions extrêmes, lors de la première parabole la sensation de ne plus rien peser était extraordinaire. Mais très vite, les conditions de micro-gravité paraissent presque normales», explique Michael Hafner un des quatre concepteurs de Colibri, «Pour Colibri ce n’était pas tout à fait pareil, parce que la moindre perturbation doit pouvoir être corrigée par le système de contrôle. C’est pourquoi le premier test que nous avons fait faire à notre free-flyer était tout simplement de le laisser flotter pour contrôler sa stabilité.»
Dans des conditions de micro-gravité parfaite, tout objet flottant doit rester immobile par rapport à l’avion. Or, au cours de cette 8ème campagne les conditions atmosphériques étaient instables et l’avion avait de la peine à suivre une trajectoire parabolique parfaite. Conséquence : les objets flottaient, mais se déplaçaient à l’intérieur de l’avion. «Ces déplacements étaient plus importants que ce que nous avions prévu, surtout au début de la micro-gravité. En quelques secondes Colibri se retrouvait près du plafond de l’avion. Sur les 31 paraboles effectuées lors du premier vol seules 9 ont pu être exploitées. Notre système de contrôle ne pouvait pas corriger correctement les effets des turbulences et Colibri n’arrivait pas à atteindre son objectif» commente Michael. L’objectif de Colibri étant de quitter le plancher de l’avion pour aller tout seul rejoindre une cible.
Les étudiants ont donc travaillé d’arrache pied entre les deux vols pour améliorer le système de contrôle de Colibri. «Les conditions étaient légèrement meilleures lors du deuxième vol puisque 13 paraboles se sont révélées exploitables, Colibri se comportait mieux mais nous n’avons pas réussi à le rendre complètement autonome. Nous devons encore analyser nos mesures, déduire les mouvements de l’avion de celui du free-flyer pour connaître sa trajectoire réelle. Mais à première vue l’expérience est positive malgré nos ambitions revues à la baisse» conclut Michael.
Céline, Michael, Nicolas et Dayan avaient réalisé Colibiri dans le cadre d’un travail de semestre, ils ont obtenu une bonne note pour leur projet. Malheureusement pour le petit robot, ils doivent l’abandonner puisque le temps imparti à ce projet est terminé. Mais ce n’est pas pour autant la fin des aventures de Colibri. Suite à cette campagne de vol, il semble que l’Esa ait pensé à poursuivre l’expérience et à embarquer le robot à bord de l’avion «Zéro G» pour une campagne professionnelle. La décision définitive n’est pas encore prise, les étudiants devraient être informés avant la fin de l’année. Qui sait ? La carrière spatiale de Colibri n’en est peut-être qu’à ses premiers pas.