Des caméras suisses pour observer Mars
L'industrie suisse part à la conquête de la planète rouge. La sonde européenne Mars-Express, qui a été lancée avec succès vers la planète rouge, embarque avec elle un petit robot, Beagle 2, qui sera largué sur Mars.
Ce petit robot conçu pour la recherche de la vie passée ou présente sera piloté grâce à des images prises par des caméras fabriquées à Neuchâtel.
Le petit robot Beagle 2 qui est parti avec la sonde Mars-express et qui se posera sur Mars observera la planète rouge avec des yeux conçus à Neuchâtel en Suisse. C'est Space-X, une entreprise spécialisée dans l'exploration spatiale, qui a conçu les 2 caméras qui donneront les images de la surface martienne et celle qui équipera le microscope Space-X est une société autonome, issue du Centre Suisse d'Electronique et de Micro-techniques (CSEM), qui s'appuie sur le tissu industriel cantonal et national pour développer des systèmes spécifiques pour l’exploration spatiale. Space-X peut ainsi faire appel à des sociétés de micro-mécaniques, de biotechnologie, de support auditif etc. S’appuyant sur la crédibilité acquise durant les dix dernières années, avec des succès significatifs, Jean-Luc Josset, son directeur, explique: "la force de l’équipe est d’être en relation privilégiée avec un réseau de compétences permettant de proposer des innovations à la pointe de la technologie pour les futures missions d’exploration".
Toute l'équipe fait preuve d'une motivation et d'un enthousiasme hors du commun. On peut les comprendre, leurs caméras qui s'envolent pour Mars sont le fruit de plus de 10 ans de travail et le résultat est à la hauteur des ambitions de la mission de l'ESA. En effet, pour sa première mission d'exploration planétaire, l'agence européenne a un objectif très ambitieux : la recherche de la vie sur Mars. En conséquence les performances techniques auxquelles devaient répondre les caméras étaient très élevées. Tout d'abord, la taille et le poids. Ces caméras devaient être minuscules et bien sur le plus léger possible. Pari tenu : pour se donner une idée il faut imaginer une boîte d'allumettes munie d'un mini objectif qui pèse à peine 100 grammes.
Ensuite, elles devaient résister à des contraintes thermiques tout aussi difficiles à satisfaire que celles liées aux dimensions. Les écarts de températures que les caméras devaient supporter étaient très importants, de –120 degrés à +30, ce qui a une incidence directe sur la conception des caméras et les matériaux qui les composent. Ainsi, pour supporter de telles variations thermiques de nombreuses pièces sont en titane, et l’ensemble – électronique moulée dans de la résine et pièces mécaniques – est maintenu grâce à un ressort absorbant les dilatations et garantissant une résistance aux chocs et vibrations. Ces micro-caméras ont ainsi été conçues pour supporter des chocs de 272 g lors de l’arrivée sur Mars et pour donner des images de la surface et des roches jusqu’à –120 degrés.
Les caméras ont été livrées dans les délais en remplissant les conditions fixées par l'ESA et la mission. Deux des trois caméras transmettront des images stéréoscopiques de l'environnement immédiat de Beagle 2, ainsi que des images en vue rapprochée des roches et contrôleront la collecte bdes échantillons martiens. La troisième qui est fixée à l’optique du microscope de la sonde doit donner des images dans diverses longueurs d'onde avec une résolution de 3 microns.
La collecte des échantillons se fera grâce à une taupe et une foreuse. La taupe est une petite sonde qui peut aller creuser jusqu'à 150 cm dans un rayon de 5m autour de Beagle 2, et la foreuse doit permettre de récupérer des échantillons de la surface. Les échantillons en sous-sol sont importants car ils sont protégés des rayons ultraviolets du soleil, et par conséquent les chances de détection de vie fossile sont plus élevées. Ensuite ces échantillons sont acheminés dans une chambre à combustion. Les échantillons sont brûlés et l'analyse chimique des gaz de combustion en permet une analyse poussée et peut-être de déterminer si la vie existe ou a existé sur Mars.
Mars-Express qui est donc partie le 2 juin de cosmodrome de Baïkonour devrait être mise en orbite autour de Mars vers Noël. Beagle 2 sera alors larguée et devrait toucher le sol de la planète rouge le 25 décembre.
Le savoir-faire suisse en général et de l'arc jurassien en particulier participent, grâce à Space-X, à une aventure exceptionnelle, mais la petite entreprise neuchâteloise ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Ses caméras doivent s'embarquer pour la lune à bord de la sonde Smart-1 cet été, et Space-X s’enthousiasme déjà pour Exo-Mars, la prochaine grande mission européenne en direction de la planète rouge prévue pour 2009.