Rosetta découvre ses premières «gouttes» d’eau

Lancée le 2 mars 2004, Rosetta est régulièrement réveillée tout au long de son périple en serpentin dans le système solaire. En attendant d’atteindre la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko en 2014, et poser son atterrisseur sur la tête de l’astre, elle est non seulement surveillée par le Centre de contrôle de Darmstadt (ESOC) en Allemagne, mais aussi par les scientifiques qui ont élaborés les instruments du satellite.

«On ne va pas attendre dix ans pour savoir si nos appareils fonctionnent seulement à ce moment-là. Une fois par année, on les mets à contribution pour s’assurer qu’ils seront en état de marche au moment de leur approche vers la comète», rassure Kathrin Altwegg, de l’Université de Berne, responsable des expériences de l’instrument ROSINA embarqué sur Rosetta.

Renifleur de gaz

Sorte de renifleur, cet appareil analysera les gaz qui s'échappent du noyau de la comète. Il permettra de déterminer la composition chimique ainsi que la température de l’atmosphère et de l’ionosphère de Churyumov-Gerasimenko. Les données ainsi recueillies permettront d’obtenir une meilleure compréhension de l’origine des comètes, de la formation du système solaire et éventuellement de l’apparition de la vie. En effet, les astronomes pensent que les comètes contiennent des éléments qui pourraient être les premières briques chimiques qui ont permis à la vie de se développer sur la Terre.

«On a déjà obtenu des premiers résultats. ROSINA a bel et bien repéré de très petites quantités de molécules d’eau dans l’espace en provenance de la sonde elle-même. Toutefois, on ne peut rien faire de ces indications. Le 27 septembre, nous allons à nouveau mettre à contribution l’instrument pour confirmer qu’il fonctionne toujours. Mais il faudra attendre le survol de l’astéroïde Steins le 5 septembre 2008, pour obtenir des informations plus utiles», précise la professeure.

Six instituts helvétiques

ROSINA (Rosetta Orbiter Sensor for Ion and Neutral Analysis) est composé de quatre appareils : le DFMS (Double Focusing Mass Spectrometer) pour l’analyse de la composition en gaz et ions, le spectromètre de masse RTOF (Reflectron Time of Flight) pour l’analyse des molécules organiques, le senseur de pression (COPS COmet Pressure Sensor) et l’enregistreur de données DPU (Data Processing Unit). Ce groupe d’instruments est issu d’une coopération internationale allemande, française, américaine et belge (UoB, TUB, MPAe, IPSL, LMM, Umich, SwRI, CESR et BIRA).

Le maître d’œuvre de ROSINA - avec à sa tête Hans Balsiger - n’est autre que l’Institut de physique de l’Université de Berne (UoB) qui s’est occupé du développement, du design, de la coordination, du management et des tests. Par ailleurs, cinq écoles d’ingénieurs suisses ont œuvré à sa réalisation : l’institut pour les transferts de technologies de l’école d’ingénieurs HTA de Berne (INTEC) pour COPS et l’école d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg pour des tests de haute tension sur RTOF.

L’instrument DFMS a également fait l’objet de nombreux tests aux écoles polytechniques de Zürich pour la haute tension, de Rapperswil (SG) pour des mesures de précision et de Bienne (BE) pour le design.

ROSINA sur Rosetta : forte participation industrielle suisse

Chapeautée par EADS Astrium (maître d’œuvre), la sonde Rosetta a été construite pour l’ESA par plus de 50 sociétés européennes en provenance de 14 pays. L’industrie suisse a été grandement mise à contribution. La firme zurichoise Oerlikon-Space (ex-Contraves Space) a fourni la structure, l’optique et le design thermique de l’ instrument DFMS. L’Institut de recherche en science des matériaux et en technologie (EMPA) à Berne, s’est préoccupé du zoom optique du DFMS et du réflecteur ionique de RTOF.

APCO Technologies SA à Vevey (VD) a participé à la fabrication de la structure et de l’optique de RTOF tout comme Advaltech Styner et Bienz à Niederwangen (BE) pour le DFMS. Collini-Flühmann AG à Dübendorf (ZH) s’est attelé au traitement de surface de la structure des instruments.

Cependant, d’autres firmes suisses ont encore joué un rôle à savoir : Clemessy Genève (test des batteries), Ruag Aerospace ex-Mecanex Nyon (structure), Helbling Zürich (développement), RST (outils de diagnostiques), HTS de Ruag Holding (assemblage de l’antenne de Rosetta), ETEL Neuchâtel (unité d’entraînement du mécanisme du pointage de l’antenne APME/APM) et Space-X Neuchâtel (micro-caméra de l’atterrisseur de Rosetta).

L’électronique de Montena

Montena EMC SA à Rossens (Fribourg) a mis au point trois cartes électroniques de COPS. Elaborées en collaboration avec l’entreprise fribourgeoise CP automation SA à Villaz-St-Pierre, ces circuits permettent de mesurer le signal du senseur de Rosina, de l’amplifier et de le transmettre à son calculateur. Montena EMC a aussi fabriqué l’électronique de l’unité de contrôle des données (DPU) de ROSINA.

Prochains rendez-vous

Les prochains rendez-vous de Rosetta avec les astres du système solaire :

• 2ème passage vers la Terre, 13 novembre 2007
• Survol de l’astéroïde Steins entre Mars et Jupiter, le 5 septembre 2008
• Survol de l’astéroïde Lutetia, le 10 juillet 2010
• 3ème passage vers la Terre, novembre 2009
• Rendez-vous avec la comète Churyumov-Gerasimenko, mai 2014
• Atterrissage du Lander sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko, novembre 2014