Augmentation de la diminution des glaces en Antarctique
Les résultats de trois années d’observation par le satellite CryoSat de l’ESA montrent que la calotte glaciaire de l’Antarctique Ouest perd 150 kilomètres cube de glace chaque année – considérablement plus que lors de la dernière étude.
Le déséquilibre dans l’Antarctique Ouest continue d’être principalement du à la perte de glace des glaciers qui s’écoulent dans le Mer Admundsen.
« Nous avons découvert que la diminution de la glace continue d’être la plus prononcée le long des rapides courants glaciaires de ce secteur et de leurs affluents, avec un taux de réduction allant de 4 à 8 mètres par an près des lignes d’ancrage – où le courant glaciaire se soulève au-dessus de la terre et commence à flotter au-dessus de l’océan – des Glaciers Pine Island, Thwaites et Smith, » déclare le docteur Malcolm McMillan de l’Université de Leeds, Royaume-Uni.
La fonte des calottes glaciaires qui recouvrent l’Antarctique et le Groenland est un contributeur important de l’élévation mondiale du niveau des océans.
A partir d’observations réalisées par dix missions satellite différentes, une équipe internationale de scientifiques polaires avait récemment conclu que le niveau des océans s’est élevé chaque année de 0,28mm entre 2005 et 2010 à cause de l’Antarctique Ouest. Les dernières recherches basées sur les données recueillies par CryoSat suggèrent néanmoins que la contribution de cette zone à l’élévation du niveau des océans est en fait de 15% supérieure.
Lancé en 2010, CryoSat embarque un altimètre radar qui peut ‘voir’ à travers les nuages et dans le noir, et permet d’effectuer des mesures en continu au-dessus de zones comme l’Antarctique, sujettes au mauvais temps et à de longues périodes d’obscurité.
Le radar peut mesurer avec une haute résolution les variations de hauteur de la surface de la glace, et permet aux scientifiques de calculer précisément son volume.
Le professeur Andrew Sheperd de l’Université de Leeds, qui a dirigé l’étude en Antarctique, a déclaré que l’augmentation de la diminution de la glace pourrait être du en partie à une fonte plus rapide, mais qu’une autre partie est sans doute à mettre au crédit de CryoSat, qui permet d’étudier des zones non observées jusque là.
« Grâce à sa conception novatrice et à son orbite quasi polaire, CryoSat permet d’étudier des régions côtières et de hautes latitudes de l’Antarctique, qui étaient au-delà des capacités des altimètres des précédentes missions, et il semble que ces régions sont cruciales pour déterminer le déséquilibre dans son ensemble, » explique t-il.
Les résultats de l’équipe de chercheurs britanniques du Centre d’observation et de modélisation polaire, qui dépend du Centre de recherche sur l’environnement naturel (Natural Environment Research Council’s Centre for Polar Observation and Modelling), ont été présentés cette semaine lors de la réunion d’automne de l’Union américaine de géophysique (American Geophysical Union) à San Francisco, en Californie.
Ces rencontres rassemblent plus de 20 000 chercheurs, enseignants et étudiants qui viennent présenter leurs recherches sur la Terre et l’espace. L’ESA y présente également les derniers résultats scientifiques obtenus par ses missions d’observation de la Terre.
CryoSat a permis d’augmenter de manière unique la quantité d’observations effectuées avec un altimètre en Antarctique, faisant ainsi suite à 20 années de données obtenues grâce aux altimètres des satellites ERS-1, ERS-2 et Envisat.
Les satellites développés pour le programme européen Copernicus vont continuer à observer les changements dans les calottes glaciaires des pôles pendant les décennies à venir grâce aux capteurs radar embarqués sur les satellites Sentinel-1 et Sentinel-3, qui seront lancés à partir de 2014.