Observation de jets bleus depuis la Station spatiale internationale
La question de leur existence a fait l’objet de débats pendant de nombreuses années : d’insaisissables décharges électriques dans la haute atmosphère, nommées sylphes rouges, jets bleus, farfadets ou elfes. Faisant l’objet de rapports anecdotiques par des pilotes, ces phénomènes s'avèrent difficiles à étudier car ils se produisent au-dessus des orages.
Proposée par l’Institut Spatial National du Danemark, l’expérience Thor, qui s’était déroulée pendant la mission « iriss » de 10 jours de l’astronaute de l’ESA Andreas Mogensen à bord de la Station, avait pour objet d’étudier les orages. Une liste d’endroits où des orages étaient prévus avait été communiquée à Andreas, qui a pris des photos avec l’appareil le plus sensible de la Station pour capturer ce que l’on appelle les phénomènes lumineux transitoires.
Après analyse, l’équipe à l’origine de l’expérience a publié un article scientifique confirmant la présence de nombreux jets bleus d’une envergure de l’ordre du kilomètre autour de 18km d’altitude, et même d’un jet bleu à impulsion atteignant 40km d’altitude. Une vidéo enregistrée par Andreas au-dessus du Golfe du Bengale alors qu’il volait à 28000km/h montre clairement le phénomène électrique – le premier du genre.
Des satellites avaient déjà étudié le phénomène mais leur angle de vue n’est pas idéal pour rassembler des données sur l’échelle des jets bleus et des décharges bleues, qui sont de plus petite taille. La Station spatiale, placée sur une orbite relativement basse au-dessus de la Terre est au contraire idéalement située pour prendre des photos des sylphes et des jets.
Dans le cadre de Thor, Andreas avait pour consigne de viser les tourelles orageuses (des colonnes nuageuses qui s’étirent jusqu’à la haute atmosphère), et l’astronaute a filmé une vidéo de 160 secondes montrant 245 flashs de jets bleus, soit environ 90 par minute, émanant du haut d’une tourelle nuageuse qui s’écartait de l’orage au-dessus du Golfe du Bengale.
Les décharges et les jets bleus sont des exemples d’une part de notre climat que nous connaissons très peu ; en effet, comme les orages électriques atteignent la stratosphère, ils jouent un rôle dans la manière dont notre atmosphère nous protège des radiations cosmiques.
Observation permanente
Cette expérience a confirmé que la Station spatiale est une plate-forme utile à l’observation de ces phénomènes. Un instrument nommé ASIM (Atmosphere-Space Interactions Monitor), actuellement en cours de préparation pour son lancement prévu d’ici la fin de l’année, sera installé à l’extérieur du laboratoire spatial européen Columbus.
Une fois en place, il observera de manière continue les orages pour collecter plus d’informations sur les phénomènes lumineux transitoires.
Andreas conclut : « Ce n’est pas tous les jours que l’on filme un nouveau phénomène météorologique, je suis donc très satisfait du résultat, mais encore plus satisfait à l’idée que les scientifiques auront bientôt l’opportunité d’étudier ces curieux orages plus en détail. »