Lancement d’Ariane 6 : CURIE, le détective radio de la NASA
Le tout nouveau lanceur européen décollera bientôt, et avec lui de nombreuses missions spatiales ayant chacune leur propre objectif, leur propre destination et leur propre équipe prête à applaudir. Qu’il s’agisse de lancer de nouveaux satellites pour observer et étudier la Terre, scruter l’espace profond ou tester d’importantes nouvelles technologies en orbite, le premier vol d’Ariane 6 mettra en valeur la polyvalence et la flexibilité de cet impressionnant lanceur lourd. Continuez à lire pour tout savoir sur CURIE, puis découvrez qui d’autre sera parmi les premiers à voler.
La mission CURIE (CUbesat Radio Interferometry Experiment) de la NASA est l’une des charges utiles qui décolleront à bord du premier vol d’Ariane 6. CURIE mesurera les ondes radio en provenance du Soleil et d’autres sources radio dans le ciel, des ondes qui doivent être mesurées dans l’espace car elles sont absorbées par l’ionosphère de la Terre. Cette région qui s’étend de 30 à 600 miles au-dessus de la surface de la Terre est composée de gaz ionisés (chargés) ; elle est créée par l’interaction du rayonnement solaire avec la haute atmosphère.
CURIE est composé de deux véhicules spatiaux, boulonnés ensemble pour n’en former qu’un au moment du lancement, et qui se sépareront une fois en orbite. Depuis leurs positions distinctes, les satellites CURIE A et B permettront de mesurer les mêmes ondes radio depuis deux endroits en même temps. L’origine des ondes radio détectées pourra être reconstituée au moyen de la technique de « l’analyse interférométrique » radio.
CURIE a pour principal objectif scientifique d’utiliser l’ « interférométrie » radio pour étudier les sursauts radio dus aux éruptions solaires, comme les éruptions et les éjections de masse coronale dans l’héliosphère interne. Ces événements sont à l’origine de la météorologie spatiale, dont l’influence est ressentie sur Terre et sur d’autres planètes par un accroissement de l’activité aurorale et des effets géomagnétiques.
CURIE pourra déterminer l’emplacement et la taille des régions sources de sursauts radio, puis suivre le déplacement de ceux-ci après leur départ du Soleil.
Cela fait longtemps qu’un tel observatoire d’interférométrie radio depuis l’espace est envisagé, que ce soit en orbite autour de la Terre ou de la Lune, ou sur la face cachée de la Lune. CURIE sera la première mission du genre à mesurer les ondes radio dans la gamme de fréquences de 0,1 à 19 MHz depuis l’espace. Elle fera office de plateforme expérimentale et de précurseur dans le développement de nouvelles techniques d’observation radio dans l’espace – celles-ci sont importantes pour notre compréhension de l’environnement de la météorologie spatiale héliosphérique, et de l’impact du Soleil sur les planètes du Système solaire.
Au-delà de ses objectifs scientifiques importants, CURIE prouvera également que le concept d’un interféromètre dédié basé dans l’espace peut être réalisé à l’aide de CubeSats relativement bon marché.
Le lancement d’Ariane 6 est prévu pour juin-juillet 2024. Elle prend la relève d’un lanceur qui a connu un énorme succès, Ariane 5, principal lanceur européen pendant plus d’un quart de siècle. Ariane 5 a volé 117 fois entre 1996 et 2023 au départ du Port spatial de l’Europe en Guyane française.
Ariane 6 a été conçue pour tous les futurs possibles et fera preuve d’un essentiel maximum de polyvalence. Elle pourra placer n’importe quel satellite ou charge utile sur n’importe quelle trajectoire orbitale grâce au nouveau moteur réallumable Vinci ; celui-ci va propulser l’étage supérieur d’Ariane 6 encore et encore, s’arrêtant et redémarrant afin d’insérer des missions sur toute orbite désirée. Il conservera suffisamment de carburant pour effectuer une dernière poussée, soit pour se désorbiter et effectuer une rentrée en toute sécurité dans l’atmosphère terrestre, soit pour s’insérer sur une « orbite cimetière » voisine.
CURIE sera lancé sur une orbite circulaire proche de la Terre, à 580 km d’altitude au-dessus de la surface terrestre et en dehors de la ionosphère de notre planète qui absorbe les ondes radio.
« Lorsque l’on nous a proposé une place sur le premier vol d’Ariane 6, l’équipe de CURIE était très enthousiaste. C’est un événement d’une telle ampleur dans le monde des lanceurs et de l’exploration de l’espace", rappelle David Sundkvist, investigateur principal de la mission.
« Pour une équipe qui développe un nouveau concept – un satellite interféromètre radio satellite qui vole en formation – décoller à bord du vol inaugural du tout nouveau lanceur européen, c’est la réalisation d’un rêve de développeur de satellites ».
