Lancement d’Ariane 6 : avec Peregrinus, les étudiants défient le Soleil
Le tout nouveau lanceur européen décollera bientôt, et avec lui de nombreuses missions spatiales ayant chacune leur propre objectif, leur propre destination et leur propre équipe prête à applaudir. Qu’il s’agisse de lancer de nouveaux satellites pour observer et étudier la Terre, scruter l’espace profond ou tester d’importantes nouvelles technologies en orbite, le premier vol d’Ariane 6 mettra en valeur la polyvalence et la flexibilité de cet impressionnant lanceur lourd. Continuez à lire pour tout savoir sur Peregrinus puis découvrez qui d’autre sera parmi les premiers à voler.
![Le matériel de Peregrinus : microcontrôleur Atmega328, détecteur de rayonnement X100-7, module IMU LSM9DS1 et Iridium Rockblock9603](/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2024/07/peregrinus/26210086-1-eng-GB/Peregrinus_article.jpg)
Peregrinus est une expérience embarquée à bord d’Ariane 6 qui a été développée par des lycéens de Sint-Pieterscollege à Bruxelles et de l’Institut Vallée Bailly en Belgique. L’objectif de la mission scientifique en orbite est de mesurer la corrélation entre le champ magnétique terrestre et l’intensité des rayons X « durs » et du rayonnement gamma « doux ».
L’expérience a été nommée en l’honneur de Petrus Peregrinus de Maricourt, un universitaire médiéval français qui a étudié le magnétisme et – ce qui était inhabituel pour son époque – a privilégié une approche expérimentale de l’étude du monde naturel plutôt qu’une approche philosophique.
![Peregrinus dans une chambre d’essais thermiques sous vide](/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2024/07/peregrinus_in_thermal_vacuum_test_chamber/26210180-2-eng-GB/Peregrinus_in_thermal_vacuum_test_chamber_article.jpg)
En orbite autour de la Terre à bord d’Ariane 6 à 580 km d’altitude, Peregrinus fournira des données sur l’impact de l’activité solaire sur le champ magnétique terrestre et sur ses niveaux de rayonnement. Une meilleure compréhension de ce domaine aidera à évaluer les risques liés au rayonnement pour les astronautes sur la Lune ou en route vers Mars.
Le détecteur de rayonnement est une photodiode encapsulée First Sensor X-100-7. Il convertit les photons X durs et gamma doux en signal électrique, et est compatible avec les circuits 5V, tout comme le module de communication Iridium que Peregrinus utilise pour la liaison descendante de ses découvertes.
Peregrinus comptera les photons dans la plage de 2 à 30 keV sur un intervalle d’une seconde, tout en mesurant la force du champ magnétique terrestre à l’aide du magnétomètre 3D de l’unité de mesure inertielle LSM9DS1. Les données obtenues pendant un intervalle de temps de 10 secondes sont ensuite transmises au sol via le réseau de satellites Iridium.
![Daniel sécurise Peregrinus sur la plaque d’intégration de charges utiles d’Ariane 6](/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2024/07/peregrinus_integration_on_ariane_6/26210227-2-eng-GB/Peregrinus_integration_on_Ariane_6_article.jpg)
Cette unité d’orientation tout-en-un peut détecter et fournir des informations avec neuf degrés de liberté. En mesurant la gravité, elle peut dire où se trouve la Terre et à quelle vitesse Peregrinus se déplace dans un espace en 3D ; un magnétomètre peut déterminer où se trouve le nord magnétique, et un gyroscope mesurera la rotation et la torsion de l’étage supérieur. Toutes ces données sont compressées pour gagner de l’espace et transmises au sol via le réseau de satellites Iridium.
« Nous recevrons toutes les 10 secondes un message contenant 10 secondes de données à propos du rayonnement qui frappe notre détecteur et du champ magnétique terrestre », explique Erik de Schrijver, professeur de sciences à Sint-Pieterscollege Jette et chef de projet de Peregrinus.
« En plus de cela, nous obtiendrons des données de positionnement approximatives fournies par le réseau de satellites et, bien sûr, nous comptons également sur les données de positionnement d’Ariane 6. Cette transmission de données magnétiques se poursuivra jusqu’à la rentrée de l’étage supérieur, qui marquera la fin de notre expérience. Avec toutes ces informations, nous devrions obtenir une image intéressante du rayonnement à haute énergie qui frappe le champ magnétique terrestre. »
![Esteban au travail sur Peregrinus](/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2024/07/esteban_working_on_peregrinus/26210274-2-eng-GB/Esteban_working_on_Peregrinus_article.jpg)
Mais Peregrinus est avant tout un projet d’éducation pratique à l’espace, qui offre aux étudiants des opportunités d’apprentissage sur la conception de véhicules spatiaux, la gestion de projets spatiaux, les tests de véhicules spatiaux et le transfert de connaissances. Ils seront les premiers lycéens européens à mettre une charge utile sur orbite à bord d’un lanceur.
La mission montre qu’avec de la détermination et un travail acharné les lycéens peuvent atteindre l’orbite et contribuer à renforcer les ambitions spatiales d’autres enfants et d’autres jeunes dans toute l’Europe.
« Cette opportunité de voler sur le premier vol d’Ariane 6 est unique pour nos étudiants », poursuit Erik. « Nous espérons que Peregrinus créera un élan vers davantage de projets d’éducation de haut-vol et concrets pour les étudiants européens de tous niveaux ».
![Ariane 6 avant la répétition générale humide](/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2024/06/ariane_6_before_wet_dress_rehearsal/26185044-2-eng-GB/Ariane_6_before_wet_dress_rehearsal_article.jpg)
Le lancement d’Ariane 6 est prévu pour juillet 2024. Ariane 6 prend la relève d’un lanceur qui a connu un énorme succès, Ariane 5, principal lanceur européen pendant plus d’un quart de siècle. Ariane 5 a volé 117 fois entre 1996 et 2023 au départ du Port spatial de l’Europe en Guyane française.
Ariane 6 a été conçue pour tous les futurs possibles et fera preuve d’un maximum de polyvalence, essentiel. Elle pourra placer n’importe quel satellite ou charge utile sur n’importe quelle trajectoire orbitale grâce au nouveau moteur réallumable Vinci ; celui-ci va propulser l’étage supérieur d’Ariane 6 encore et encore, s’arrêtant et redémarrant afin d’insérer des missions sur toute orbite désirée. Il conservera suffisamment de carburant pour effectuer une dernière poussée pour se désorbiter et effectuer une rentrée en toute sécurité dans l’atmosphère terrestre.
![Équipe de l’Institut Vallée Bailly préparant Peregrinus à l’intégration sur la plaque d’intégration des charges utiles](/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2024/07/team_from_institut_vallee_bailly_preparing_peregrinus_for_integration_on_the_payload_integration_plate/26210678-2-eng-GB/Team_from_Institut_Vallee_Bailly_preparing_Peregrinus_for_integration_on_the_Payload_Integration_Plate_article.jpg)
« Pouvoir travailler avec l’ESA et Ariane, c’est un rêve devenu réalité. De nombreuses personnes ont travaillé sur ce projet depuis des années et le lancement se rapproche enfin, c’est surréaliste ", explique Mlle Lore de Becker, 18 ans, qui travaille sur cette mission, étudie le latin et les mathématiques et envisage de poursuivre dans le génie civil.
« Savoir que nous, lycéens, avons joué un rôle minuscule dans une campagne aussi complexe qu’est le nouveau lancement d’Ariane 6... C’est une expérience unique, et nous sommes reconnaissants d’en faire partie ».
Outre Lore, l’équipe comprend Camille Vanderhasselt et Vivianne Michiels de Sint-Pieterscollege Jette, mais aussi Esteban Debordes et Daniel Smirnov de l’Institut Vallée Bailly. Tous deux en sont à leur dernière année d’études scientifiques et mathématiques – ensemble, ils ont construit le matériel de Peregrinus. Yves Jansen-Verlaak et Roman Vannieuwenhuyse étaient à la tête de la partie logicielle de la mission.
« Ariane 6 – un petit pas pour l’humanité, un bond de géant pour nous », conclut la jeune équipe de Peregrinus.