Lancement d’Ariane 6 : amerrissage pour Nyx Bikini
Le tout nouveau lanceur européen décollera bientôt, et avec lui de nombreuses missions spatiales ayant chacune leur propre objectif, leur propre destination et leur propre équipe prête à applaudir. Qu’il s’agisse de lancer de nouveaux satellites pour observer et étudier la Terre, scruter l’espace profond ou tester d’importantes nouvelles technologies en orbite, le premier vol d’Ariane 6 mettra en valeur la polyvalence et la flexibilité de cet impressionnant lanceur lourd. Continuez à lire pour tout savoir sur Nyx Bikini, puis découvrez qui d’autre sera parmi les premiers à voler.
Dans la foulée de sa sélection pour l’initiative européenne de transport de fret vers la Station spatiale internationale, The Exploration Company entend effectuer avec Nyx Bikini une démonstration de rentrée balistique.
Nyx Bikini est un démonstrateur technologique de 60 cm de diamètre – environ la taille d’un grand abat-jour – qui permettra à The Exploration Company d’obtenir leurs premières données de rentrée atmosphérique et de calibrer leurs modèles mathématiques.
À l’issue de la mission Ariane 6, l’étage supérieur du nouveau lanceur européen volera à environ 28 800 km/h autour de la Terre. La séparation de Nyx Bikini interviendra quelques minutes avant que l’étage supérieur ne soit désorbité afin d’être détruit en toute sécurité dans l’atmosphère terrestre.
Contrairement à l’étage supérieur d’Ariane 6, Nyx Bikini a été conçu pour résister à la chaleur intense générée lors de la rentrée atmosphérique, jusqu’à 2100 °C.
Développé en seulement neuf mois et pour un coût inférieur à 2 millions d’euros, Nyx Bikini est un exemple du nouveau secteur spatial européen.
Hélène Huby, directrice générale de The Exploration Company, explique : « D’un point de vue industriel, le fait d’avoir construit Nyx Bikini en seulement neuf mois, de l’esquisse à la qualification, nous a permis en tant que start-up de faire nos preuves auprès des partenaires de la chaîne logistique, de prouver nos processus de développement et de production, et cela démontre que nous pouvons construire des véhicules spatiaux rapidement et pour une fraction des coûts – tout en acceptant les risques. »
Une partie du matériel de la capsule de rentrée n’est pas conçu pour l’espace ; par exemple, le matériel avionique – le « cerveau » du véhicule spatial – est issu de l’industrie des drones et n’a pas été qualifié pour résister aux radiations qu’il pourrait recevoir dans l’espace. Comme la mission Nyx Bikini ne durera que trois heures, le risque d’échec grave est faible et l’utilisation de matériels prévus pour l’atmosphère terrestre est un moyen de réduire les coûts et le temps de construction.
Autre exemple : Nyx Bikini communiquera pendant sa descente dans l’océan Pacifique au moyen d’un téléphone satellite standard. Les simulations montrent qu’il devrait fonctionner, mais le terminal téléphonique n’a – sans surprise – pas été conçu pour être utilisé depuis l’intérieur d’un véhicule spatial de rentrée.
La capsule Bikini n’est pas contrôlée, donc afin d’éviter qu’elle ne bascule et ne rentre avec son bouclier thermique orienté vers l’arrière, trois volets obligeront Bikini à rentrer avec son bouclier thermique orienté vers l’avant. Cette solution technique comporte plus de risques, mais elle est meilleur marché que des propulseurs coûteux et compliqués.
« Si l’un de ces risques se concrétise, nous ne recueillerons aucune donnée et notre mission sera un échec, explique Hélène, mais nous aurons récolté des enseignements uniques sur nos capacités techniques, nos processus industriels, nos partenaires de la chaîne logistique, et la voie légale et technique pour obtenir une licence de rentrée ».
Hélène poursuit : « Cette mission est une première étape qui ouvre la voie à une capsule spatiale réutilisable européenne. Nous recevons d’innombrables messages de personnes d’horizons et de pays différents en Europe, nous remerciant de les avoir inspirés, car notre entreprise incarne le fait que l’Europe peut être audacieuse et inventer des technologies qui profiteront au monde entier. »
« Ce premier lancement avec Ariane 6 sera un moment spécial pour nous tous, à The Exploration Company, car nous irons également dans l’espace pour la première fois. Notre équipe le vivra ensemble, et nos émotions seront intenses », déclare Hélène. « Quel que soit le résultat de la mission, je suis reconnaissante du travail incessant de notre équipe et de nos partenaires qui ont tous contribué à construire et qualifier notre capsule Bikini à une vitesse et un coût sans précédents. Cela signifie également que nous avons accepté certains risques d’échec de la mission. Il reflète notre ADN : pour nos premières missions, nous allons privilégier l’apprentissage et l’itération rapide (ce qui signifie plus de risques, mais aussi un apprentissage plus rapide), plutôt que de chercher à construire la capsule parfaite. »
Et le nom ?
« Le nom a été choisi par plaisanterie, car la capsule pourrait être presque ‘nue’ lorsqu’elle amerrira, et que le bikini, à son invention dans les années 1960, était très innovant », conclut Hélène.